A trois enfants. La première est une fille de treize ans qu'elle a fait adopter, elle n'a abs olument aucunes nouvelles d'elle et ne connaît même pas son nom. Elle a eu deux autres enfants avec son mari, un garçon et une fille de 5 ans et 6 mois. C'est sans doute à cause d'eux qu'elle ne change pas de vie + Elle fume, c'est sans doute la seule mauvaise habitude qu'elle a gardé de son passé. Elle a souvent tenté d'arrêter, surtout pendant ses grossesses, mais elle retombait dedans inévitablement + Une enfance simple avec des parents aimants. Une adolescence banale, même ennuyeuse, alors quand l'opportunité de connaître autre chose s'est présenté, elle a foncé. Ce fut la meilleure et en même temps la pire année de sa vie + Avec ses vêtements impeccables, sa vie de famille rangée, son sourire qui ne la quitte presque jamais, il est difficile de penser qu'elle n'est pas totalement heureuse. Tabitha vit actuellement tout ce qu'elle a essayé de fuir pendant des années. Trop parfait, trop prévisible, elle aime tout le contraire + Sa vie se résume aujourd'hui à sa famille et à l'entretien de sa maison. Rien d'excitant, rien d'intéressant, ça ne la fait pas vibrer, elle arrive au bout de cette vie prévisible. Elle en a marre du rôle de l'épouse parfaite + Adore les films/livres d'horreurs ou tout ce qui peut la faire vibrer un peu. Tabitha aime le danger, elle aime avoir peur avant elle ne vivait que pour ça, mais depuis son mariage, tout à changé + Son mariage est à la fois la meilleure et la pire décision de sa vie. Tabitha aime son mari, elle est tombée tout de suite sous son charme, mais il n'est pas l'homme qui lui faut et elle le sait.  + Est devenue sportive après sa première grossesse. Dès qu'elle a une minute à elle, Tabitha part courir pour perdre les derniers kilos de sa dernière grossesse, kilos qui la met mal à l'aise + Tabitha rêvait de devenir assistante de magicien à Las Vegas, se faire découper, enfermé, poignardé, c'était son rêve, mais la réalité de la vie lui a fait changer de route + Elle est devenue infirmière par dépit, il lui est arrivé de voler quelques médicaments pour les revendre. C'était pas une histoire d'argent, elle a fait ça pour l'adrénaline et le risque de se faire prendre + Tabitha a le don pour pousser les gens à bout, elle aime ça voir les gens s'énerver devenir violent. Elle est aussi une très bonne actrice, de quoi vous rendre fou.

Un dernier effort et tout est terminé. Une seule seconde pour mettre fin à deux années mouvementées. L'auxiliaire de puériculture s'avance vers elle avant de faire demi-tour et quitter la pièce. Pas un cri, ni même une plainte, un silence qui met mal à l'aise l'équipe médicale. On lui avait dit que c'était mieux pour tout le monde, pour elle, pour son futur, pour l'enfant, mais personne ne l'avait préparé à la séparation. Elle ne pensait pas se retrouver seule durant l'épreuve la plus importante de sa vie. Tabitha s'empêcha de crier, elle voulait tout annuler et repartir avec sa fille, mais c'était déjà trop tard. Quand sa mère entre dans la chambre, la jeune femme tourne la tête pour ne pas la voir. « Chérie, tu vas bien ? » Comment peut-elle répondre à cette question ? Comment sa mère peut-elle lui demander ça ? Surtout maintenant, on vient de lui enlever son enfant, la douleur et la fatigue n'ont plus d'importances. « Il faut que je l’appelle. » Sa mère s’assoit sur le coin du lit sans se soucier une seule seconde de ce que souhaite sa fille, c'est à dire être seule. « C'est une très mauvaise idée Tabitha. Que vas-tu lui dire ? De toute façon il ne pourra rien faire, les papiers sont signés, c'est trop tard. » Toute cette histoire se résume donc qu'à  des papiers. C'est ainsi que sa mère voit la chose, des papiers administratifs qui lui enlève ses droits parentaux. « Il a le droit de le savoir. » Tabitha ne pense pas à elle, il a le droit de savoir qu'il a une fille. Elle sait qu'il ne sera pas un père idéal, mais c'est par principe. « Chérie, s'il te plaît, on sait toutes les deux que ce n'est pas bon. Il n'a pas le droit de t'approcher, il est violent et dangereux. Comment crois-tu qu'il va réagir en apprenant que tu lui as caché ta grossesse pendant neuf mois ? »  Elle n'a pas tort, Tabitha connaît Chester, mais il y a toujours une part d'ombre qui l'effraie. Elle ne sait pas jusqu'où il est capable d'aller, surtout avec une telle nouvelle. Sa mère pose sa main sur celle de sa fille. « Une nouvelle vie t'attend. Tu vas pouvoir faire des études, te trouver un bon métier, t'occuper de toi et rien que de toi. Je suis sûre qu'un homme bon et gentil t'attend quelque part, quelqu'un qui te mérites. » Pour la première fois depuis des mois, Tabitha écoute sa mère et apprécie ses paroles. Elle se donne enfin l'autorisation de craquer, c'est beaucoup trop pour une jeune fille d'à peine 19 ans. En seulement deux ans, elle a connu un amour destructeur et addictif. Un amour qu'on ne vit qu'une fois dans sa vie, et encore, certains n'auront jamais la chance de connaître ce sentiment d'une telle force qu'il lui a donné des ailes. Elle a quitté cet homme par peur, peur de lui, peur de la violence qui l'habite, mais surtout peur d'elle même, de cette femme qui repousse sans cesse ses limites, comment élever un enfant ainsi ? Elle a vu Chester tabasser un homme par jalousie, alors elle a demandé une injonction d'éloignement, idée de ses parents. Ça lui a fait énormément de mal car même si elle était celle qui contrôlait la séparation, elle n'était pas totalement prête à se séparer de lui. Il y a eu sa fille, la dernière partie de cette histoire malsaine. Cet enfant qu'on lui a enlever sans même qu'elle puisse la voir.

Tout était pour son bien, Tabitha a fini par oublier ce sentiment de vide qui l'habitait, la douleur de la séparation, son odeur et sa voix. Elle est redevenue la femme sans problème, discrète et à l'écoute des autres. Celle qu'elle avait détesté durant tant d'années. Tabitha voulait être une de ces femmes qu'on voit à la télévision sûre d'elle, magnifique, indépendante, celles qui mènent leur vie comme elles veulent et font tourner la tête de tous les hommes qu'elles croisent. L'homme qu'elle a brisé ne lui suffit pas, elle veut retrouver ce sentiment de puissance qu'il a pu lui procurer. Tabitha repense souvent à Chester et s'imagine la vie qu'elle aurait pu avoir avec lui, enfin, si elle la mort l'avait épargné. Elle a envie de retrouver cette insouciance, cette adrénaline, cet amour. Il lui arrive de penser à lui quand elle est avec son mari. Son mari, celui qui lui a tout donné et pourtant elle n'arrive pas à l'aimer autant qu'elle a aimé Chester. Elle s'en veut énormément car il mérite son amour.  
Elle pense à sa fille quand elle voit son fils courir dans le jardin, elle se demande si elle a le nez de son père, si elle a ses yeux bleus. Aujourd'hui, elle ne regrette plus de l'avoir fait adopté car elle n'aurait pas pu lui offrir une vie décente, mais elle regrette de ne pas l'avoir dit à Chester. De toute façon, c'est trop tard, il est parti il paraît. Elle a été soulagée en l'apprenant car elle n'allait pas être tenté. Tabitha s'est encore plus enfoncée dans cette vie pépère qui l'effrayait tant en donnant naissance à son second enfant légitime, une petit fille. Elle arrivait parfaitement à simuler le bonheur. Elle aurait pu concourir pour le prix de la femme au foyer parfaite de l'année, avec son jardin parfaitement entretenu, ses heures de repassages, son verre de vin chaque soir avant que son mari rentre pour l'aider encore plus à être heureuse. Enfin, ça, c'était avant le retour de Chester. Avant qu'il vienne tout ruiner juste par sa présence.