Je n'aime pas dormir, c'est une perte de temps, alors je dors peu, et même si je risque de m'effondrer de fatigue dans peu de temps + j'ai toujours vécu à painswick, mais je n'ai aucune envie de rester ici. Surtout parce que je n'ai pas envie de devoir regarder la salle tronche de mon menteur de frère. S'il faut, je partirai jusqu'au Japon, du moment que c'est loin, très loin. + J'aime beaucoup les fêtes foraines, même si je n'avais pas l'intention de devenir diseuse de bonne aventure. J'en reviens pas qu'il y ait des gens qui croient encore à ce genre de choses. Il suffit de leur dire ce qu'ils veulent entendre et ils sont heureux et moi aussi quand je reçois ma paye. + Avant de devenir diseuse de bonne aventure j'étais mascotte dans la même fête foraine, mais ça je m'en vante pas beaucoup. + J'ai été amoureuse une fois et ce fut une grosse claque en pleine gueule quand je suis retombée de mon nuage. Depuis les amours, ça va ça vient, rien d'important en vu. + Je possède un tatouage, le prénom de mon premier amour. En gros, c'est le tatouage de la honte, dommage qu'on ne puisse pas l'enlever avec une gomme. + Je n'ai pas de véhicule donc je me déplace quasiment toujours à pieds. Donc je suis souvent en retard, quand aucune âme charitable ne vient à ma rescousse. + J'ai déjà pensé à m’enrôler dans un cirque, mais j'ai abandonné l'idée quand je me suis rendue compte que je n'étais ni très agile, ni dompteuse de lion. + Je fume beaucoup trop, on me le dit souvent, mais moi j'en ai besoin. J'ai besoin de fumer et de mon café. Sans caféine et cigarettes, je suis perdue. + Je n'aime pas sortir et faire la fête, je laisse ça aux autres, même si parfois on m'embarque dans des soirées, je ne me sens jamais à ma place.   

Le premier client va arriver. Il faut que je me prépare. Je prends place sur ma chaise dans cette vieille roulotte qui ressemble à un gros cliché de la diseuse de bonne aventure. « Lolita ? » C'est qui l'idiot qui m'avait donné ce surnom ? Ah oui mon patron. Parfait. « Installez-vous. » Dis-je en sortant la vieille boule de cristal. Autant sortir le grand jeu. J'attrape également les cartes de tarot. Je suis enfin prête pour le grand spectacle. « Que voulez-vous savoir jeune homme ? » Ajoutais-je alors que je balayais une poussière invisible qui semblait se trouver sur ma robe. Cette vieille caravane sentait tellement la poussière et le renfermé. J'avais l'impression que j'allais m'y étouffer. « J'aimerais savoir si ma copine va revenir avec moi ... Elle m'a quitté hier à cause d'une dispute stupide et ... » Je décroche totalement alors qu'il me raconte en détail ses mésaventures de la vieille. Comment sa copine n'avait pas apprécié qu'il choisisse d'aller voir un match de football au lieu de sortir avec elle au cinéma. Et comment il avait retrouvé sa valise devant la porte de leur maison. Ennuyeux à mourir. Si ça avait été moi je l'aurais quitté depuis longtemps. « Alors vous pensez qu'elle va revenir ? » Je relève la tête pour croiser son regard. « Laissez moi regarder. » Je bouge les mains face à la boule de cristal avant de fermer les yeux, faisant mine d'être dans une réflexion intense. « Je vois ... » Le jeune homme se rapproche un peu. Intrigué, il semble attendre ma réponse. Une réponse que je me fais un plaisir de donner. « Oui. » Tout d'un coup un silence s'installe alors que j'enlève mes mains du cristal et que j'ouvre de nouveau les yeux. « Et ... C'est tout ? » Il faut toujours qu'ils en demandent plus. « Je vois qu'elle s'en veut et qu'elle n'attend qu'une chose, que vous l'appeliez. » Il faut pas être Einstein pour comprendre que les choses ne vont pas s'arranger toute seule. Enfin visiblement ce jeune homme semble être plus débile qu'une huître qui se dé-sèche en plein soleil. Je lui lance un sourire confiant pour qu'il me lâche et qu'il retourne voir sa copine. « Merci beaucoup ! » Dit-il avant de partir comme une furie en direction de la sortie. Je soupire en secouant la tête. Parfois je me sens comme une arnaqueuse. Attrapant mon paquet de clopes, je décide de sortir m'en griller une. Le soleil brille tellement que je manque presque de voir le nouveau message qui s'affiche sur mon portable. L'autre Dickinson. Le gros relou. Comme-ci je n'en croisais pas assez chaque jours. J'efface le message sans le lire. Pourquoi m’embarrasser avec ce genre de personne. La journée passe si lentement que j'ai l'impression de devenir folle. Les clients défilent devant mes yeux tous aussi idiots les uns que les autres. Heureusement la journée arrive à son terme. J'attrape mon sac en rangeant rapidement le paquet de cartes et la boule de cristal. « Ah ! Pipper ! Attends ! » Je me retourne pour me retrouver nez à nez avec l'un de mes collègues. « Je peux t'aider ? » Je demande en espérant qu'il n'ait pas besoin de mon aide. « T'as vu la nouvelle ! Il a gagné ! » Je lève les yeux au ciel en secouant la tête. « Delsin ! Il a gagné le concours ! » Je me fige sur place quelques secondes avant de reprendre mes esprits. « Bien et ? » Je suis énervée. Énervée qu'on me parle de lui, maintenant. « Je croyais que vous sortiez ensemble donc ... » Je lève la main pour lui couper la parole. « Jim ... Ça fait plus d'un an que je ne l'ai pas vu et il m'a abandonnée comme une merde alors non, on ne sort pas ensemble. » Je m'apprête à partir avant de me retourner. « Et tu sais quoi ce type je le déteste, qu'il aille crever la gueule ouverte en enfer. » J'ajoute avant de réellement tourner les talons pour rentrer chez moi. Le trajet semble long. Plus long que d'habitude. Je marche en traînant le pied. Pourquoi il avait fallu qu'il me parle de cet idiot. En remontant la rue qui mène à mon logement, je croise un des amis de l'autre Dickinson. « Tiens, Pipper, ton frère te cherchait. » Non sans blague. « Je vois pas de qui tu parles. » Dis-je un peu énervée de tous ces gens qui viennent m'emmerder aujourd'hui. « Bah tu sais ton frère, Ashley. » En plus on dirait bien qu'il a pas inventé la poudre à canon ce type. « Ashley c'est un prénom de gonzesse et je n'ai pas de sœur non plus. » Fin de la conversation. Je lui tourne le dos en soupirant bruyamment. Je dépose mes affaires sur la table de l'entrée. En passant devant le téléphone je vois qu'il y a un message sur le répondeur. J'appuie sur le bouton machinalement tout en continuant de ranger mes affaires. « Pipper c'est Delsin ... Je sais pas si tu es au courant, mais j'ai gagné le concours ... Il faudrait qu'on se voit, je reviens à Painswick le plus rapidement possible. » Une fois le message terminé, je le supprime sans y réfléchir à deux fois. « ... Il va falloir que je pense à partir très rapidement alors. » Marmonnais-je plus pour moi-même qu'autre chose.