elle ne cuisine pas, et ça vaut mieux, elle serait capable de faire cramer son appart' en essayant de faire cuire des pâtes + depuis ado elle a des tendances clepto, elle vole tout et n'importe quoi. d'ailleurs c'est de la que lui vient sa collection d'objets qui veut rien dire et qui s'étale un peu partout dans son appartement + elle est allergique aux fruits de mer, une crevette a failli avoir sa peau quand elle était gamine + elle a la phobie des pantins de ventriloque et des clowns, et les pères noël de supermarché la font flipper grave + au restau chinois du coin de la rue elle prend toujours le même plat, elle a même plus besoin de commander, dès qu'ils voient sa tronche ils savent quoi lui préparer + elle fraude souvent pour aller au cinéma, seule, cherchez pas, c'est son petit délire perso + anja avait vingt ans quand elle a touché pour la première fois à la drogue, depuis elle a jamais su s'arrêter. en même temps elle sait pas vraiment si elle a envie d'arrêter + elle parle avec un putain d'accent irlandais, mais aujourd'hui c'est plus pour faire chier le monde, parce qu'elle l'a perdu au fil des années passées en angleterre + elle utilise la drogue et le sexe pour s'évader, et oublier son mal être. d'ailleurs elle a déjà couché pour se procurer une dose + elle idolâtre complètement scarlett o'hara, et se regarde autant en emporte le vent au moins une fois par semaine + elle fume bien plus que de raison depuis ses seize piges, à tel point que sa voix commence à en porter les stigmates + elle aime dessiner et peindre, et elle est plutôt douée. elle trouve que ses plus belles 'œuvres' sont celles qu'elle a faits en étant perchée

Je t'aime. Je t'aime. Je t'aime. Ses mots résonnent dans sa tête. Coups de marteau qui percutent son crâne inlassablement. L'eau de son bain a fini par se refroidir, pourtant Anja ne bouge pas. Elle continue d'observer le mur en face d'elle dans un silence assourdissant. Elle ne sait pas, elle ne sait plus comment elle se sent. « Maman j'ai besoin de toi... Sa voix, brisée, se perd dans la pièce froide, alors que la brunette se recroqueville dans la baignoire. Sa mère est morte il y a six ans, peu de temps après que la famille O'Connelly n'emménage à Painswick, sa ville natale. On la savait condamnée, elle voulait mourir là, alors tous la suivirent, mais ne repartirent jamais. Et alors qu'Anja pensait que son père et elle s'en remettaient, tout à commencer à déraper. tu pourrais me protéger, toi. » Ça a commencé par des gestes, furtifs, effleurements qu'Anja mettait sur le dos de maladresses. Et puis les attouchements, de plus en plus fréquents, de plus en plus violents. C'est notre petit secret. Jusqu'au geste innommable, impardonnable. Anja est devenue la chose de son père; poupée de chiffon dans laquelle il se vidait sans scrupule. Un père devenu animal que sa fille ne peut combattre. Alors Anja subit, se sentant chaque fois se briser un peu plus. Et elle n'arrive à retenir tous ces morceaux d'elle, qu'elle voit lui filer entre les doigts. Elle subira encore deux ans tout ça, jusqu'à sa majorité, jusqu'à arracher sa liberté d'entre les mains de son bourreau.


Comme si elle n'était pas déjà assez brisée, Anja trouve tous les moyens possibles pour se détruire un peu plus encore. Pourtant son père a fini par repartir en Irlande, parce qu'elle a failli lui trancher la gorge en le croisant dans un bar, un soir qu'elle était perchée. Mais elle se sent toujours oppressée, comme si son regard lubrique pesait toujours sur ses frêles épaules. Alors la drogue est une solution de facilité. Et son voisin allongé nu à coté d'elle, n'est qu'une frasque de plus à la longue liste de ses conneries. « Et ta femme, elle rentre quand ? Histoire que je me pointe pas à poil à ta porte quand elle est là... » C'est que ça le ferait presque rire comme situation. Détruire sa vie serait tellement facile. Tout foutre en l'air pour qu'elle n'ait plus l'impression d'être la seule dans la merde. Mais Anja a beau être une belle salope, elle a au moins la décence de tenir sa langue.
Et leur petit manège dura quelques mois jusqu'à ce qu'Anja ne pousse trop loin les choses. Encore nue, chez elle cette fois, elle se lève et marche jusqu'à son sac. Son amant ne voit pas ce qu'elle manigance sur sa commode, jusqu'à ce que la jeune femme ne se penche et sniffe le rail de coke qu'elle vient de se préparer. Elle se retourne en s'essuyant le nez, se stoppe net en voyant le regard du type dans son lit. « Oh excuse, t'en voulais ? » Comme si c'était tout à fait normal. Comme si elle lui proposait une simple clope. Mais ça n'a pas l'air si anodin que ça pour lui. Il se lève, reprend ses vêtements à la va vite. « C'est fini ! » Il se rhabille en vitesse, et regarde Anja comme si elle était l'antéchrist en personne. « Olala, monsieur monte sur ses grands chevaux ! » Il la savait je-m'en-foutiste, mais pas à ce point-là. Et si elle croit que ça lui passera, elle se trompe lourdement. « Ne m'approche plus ! »


« T'as pas du feu ? » Sale gueule de fin de soirée bonsoir ! Anja porte une robe un peu trop dénudée pour être décente, et son maquillage commence à couler. Elle retire ses talons hauts, et alors qu'elle avait une taille acceptable face à son nouveau voisin, une fois pieds nus, elle ressemble plus à une lilliputienne qu'à autre chose. « Tire pas c'te gueule parce que la dernière fois j't'ai pas fait de courbette. Lance-t-elle, chaussures dans une main, clope dans l'autre. Pis bon, c'est pas comme si un espèce de spasme de la tête, c'était une façon acceptable de saluer ta nouvelle voisine. Ouais, elle se tape un monologue, mais ça, elle a un peu l'habitude. Et en même temps elle lui laisse pas trop le temps de parler. Alors le type se contente de lui allumer la cigarette qu'elle coince entre ses lèvres. Au fait, moi c'est Anja. Et vaut mieux m'éviter, il paraît. » Elle parle sa clope toujours dans la bouche, et lui tend une main dont la manucure commence sérieusement à tirer la gueule. « Gray. » Il a pas l'air franchement très jouasse le nouveau voisin. Enfin, Anja semble pas trop s'en formaliser. Elle lui fait un espèce de salut militaire un peu mou, en signe d'au revoir, sans savoir qu'elle vient sûrement de faire une boulette, et remonte les escaliers qui la mène chez elle. Et alors qu'elle ouvre sa porte, elle jette un œil au briquet de Gray, qu'elle a réussi à lui subtiliser sans qu'il ne s'en rende compte. Faudrait vraiment qu'elle arrête de faire ça un jour...